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A la découverte du Cameroun
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1 janvier 2009

ACTION DIRECTE POUR LA CONSERVATION DU PATRIMOINE GENETIQUE VEGETAL LOCAL AU CAMEROUN

[[EDIT : le voyage terminé, je remets les articles dans l'ordre chronologique. Et complète mes publications avec des photos, et des [edit] rajoutés après coup. Toutes les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.

Cependant, j'attends encore l'arrivée de certaines photos, correspondant au milieu du voyage]]

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Résumé :

L’usage de plantes hybrides, crées par les laboratoires des multinationales, est devenu courant au Cameroun. Cela permet aux producteurs d’augmenter les rendements agricoles à l’aide de semences sélectionnées. Ces semences hybrides sont des croisements spécifiques, ayant la particularité d’être toutes homogènes au point de vue génétique. Cependant, elles ne sont que peu reproductibles et ne possèdent pas de variabilité génétique.

Ces deux facteurs nuisent aux populations qui sont alors contraintes d’acheter chaque année de nouvelles graines. De plus, la faible variabilité génétique de ces plants les rend vulnérables aux maladies et aux différents aléas climatiques. Etant tous uniformes, ils ne peuvent s’adapter aux stress d’une année sur l’autre. Enfin, ces semences hybrides requièrent des pratiques agricoles souvent peu adaptées aux régions concernées et parfois préjudiciables à l’environnement, parce qu’elles requièrent l’utilisation des pesticides chimiques.

Ce stage  a pour objectif d’aider les populations locales à développer leur agriculture, et à trouver des alternatives aux modes de productions de leurs communautés rurales.

Ainsi, la création d’une banque de semences locales au sein de la communauté permettrait aux exploitants d’utiliser des graines sélectionnées localement au cours des générations, qui sont plus propices à s’adapter aux variations environnementales et qui ne leur génèrent aucune dépense.

Des actions similaires ont été réalisées dans d’autres pays africains (Benin, Mali, Burkina Faso…), mais à ce jour le Cameroun en est exclu.


Objectif :

Dans un contexte de mondialisation, d’augmentation de la population mondiale et de recherche d’une plus value importante, les producteurs développent une préférence pour les variétés de semences hybrides qui possèdent de meilleurs rendements mais qu’ils doivent acheter chaque année auprès des multinationales pour les maintenir, et pour cause, ces semences ne sont que très peu reproductibles. De plus, elles sont toutes homogènes au sein d’une même espèce.

Il y a donc une perte importante du patrimoine génétique local, les variétés autrefois cultivées librement et sélectionnées d’une année sur l’autre en fonction de leur caractéristiques agricoles sont en voie de disparition, ces variétés hybrides prennent le pas sur bon nombre de variétés cultivées autrefois.

Les variétés de maïs, de manioc, d’arachides et de piment, par exemple, utilisées de générations en générations par ces populations, sont en train de disparaître. Or, ces semences résultaient d’une sélection locale à l’échelle de génération et étaient donc les plus susceptibles d’être adaptées au climat actuel, voire de s’adapter aux variations climatiques, et aux nouveaux stress rencontrés.

De plus, ces semences apportaient une souplesse considérable aux agriculteurs, qui pouvaient travailler collectivement à leur amélioration et les diffuser ou les échanger sans contraintes.

L’usage de semences hybrides contraint les exploitants à utiliser et à acheter chaque année de nouvelles semences, ce qui n’est pas nécessairement rentable et les mets dans une position difficile. En effet le gain en terme de rendement ne compense pas toujours le surcoût lié à l’achat des semences et dépend des aléas climatiques et des cours mondiaux qui ne sont pas maîtrisables localement.

La sauvegarde de ce patrimoine génétique local renfermant une grande diversité, tant végétale qu’animale est une priorité afin de permettre au pays de se développer de manière plus importante et plus autonome.

Elle pourrait représenter une alternative intéressante à l’usage de semences coûteuses, possédant une très faible variabilité génétique qui les rend plus vulnérables aux maladies et autres aléas, et nécessitant des pratiques agricoles peu adaptées aux régions concernées qui ne disposent d’ailleurs pas forcement de tout l’outillage nécessaire à la culture de ce type de plant.

Pour palier à cela, la création d’une banque de semence réutilisable à plus ou moins long terme, d'une année sur l'autre, sera proposée. A cette fin, les variétés de maïs, d'arachides, de manioc locales, seront collectées auprès des exploitants, afin d’en conserver les semences.

Des initiatives comparables en matière de protection des semences existent et sont en cours en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Bénin, Mali...) où des foires aux semences locales ont été organisées. Mais au Cameroun, il n’existe pas encore de telles initiatives et nous assistons à une forte déperdition des variétés de semences locales.


Détails de la réalisation :

Ces variétés seront collectées dans la mesure des moyens disponibles, dans la région du Centre Cameroun, au travers d’un jeu concours qui aura l'avantage d'être ludique et offrira un gain aux paysans qui prennent le soin de se déplacer et de déposer leurs graines.

Les gains seront constitués des produits de la Ferme Agro Piscicole d’Essé (FAPE) sous forme de souches génétiques de volailles, de lapins, cobayes,... La FAPE pourra aussi offrir des alevins de poissons aux paysans désireux de pratiquer la pisciculture.

A terme, si le projet parvient à régénérer les semences reçues tel que prévu, les paysans pourront échanger les semences de la variété déposée contre les semences d’une autre variété ou d’une autre plante.

Les semences reçues seront rassemblées et identifiées par variétés et caractérisées pour être stockées dans un local prévu à cet effet.

Cela nécessite un protocole qui permet d’évaluer la qualité des semences ‘à priori’, par exemple prendre 1 à 5% des semences et les faire germer, afin de regarder combien germent (en pourcentage) et un autre ‘à posteriori’, concernant par exemple le rapport masse récoltée/masse semée, ainsi que la résistance à la sécheresse, aux maladies…
Cela afin d’éviter de percevoir des semences impropres à la germination, ou contenant beaucoup d’adventices, ou même des semences hybrides.
Cela permet une compétition suivit d’une évaluation, qui évitera de recevoir de mauvaises semences.

Mon stage se fera en partenariat avec la Ferme Agro Piscicole ‘FAPE’ à Essé, au nord est de Yaoundé, qui a pour intérêt la sauvegarde des pratiques locales. Cette exploitation est en voie d’expansion dans plusieurs domaines tels que la pisciculture, l’apiculture, l’élevage, la sylviculture et bien entendu l’agriculture. Elle accueille des stagiaires, des doctorants et des chercheurs.

Pour atteindre ce but, il me faudra voyager au Cameroun, et plus particulièrement dans la région du Centre, afin de récolter un maximum d'espèces végétales, sous formes de graines, ainsi que dans le but d’informer les exploitants de cette initiative et des alternatives possibles à leur agriculture. Ainsi, ces exploitants deviendront acteurs du projet via leur contribution.

Ensuite il faudra les conserver, c'est-à-dire rassembler chaque type de semence caractérisé, mais aussi renouveler les stocks en semant chaque espèce afin de les multiplier.

Pour cela, il faudra mettre en place un système permettant de capitaliser les savoirs locaux afin de conserver, sélectionner et cultiver ces espèces.

Le stage sera supervisé par madame Ngobo Marie Crescence, chargée de stages de la ferme FAPE et par ailleurs Coordonnatrice du Réseau des Acteurs de Développement Durable au Cameroun (RADD) Elle a donné son accord concernant cette action.

La Ferme FAPE s’engage à multiplier ces semences à la saison culturale déterminée, et je demanderai aux exploitants des fermes visitées s’ils sont disposés à cultiver certaines de ces variétés pour qu’une partie de la récolte permette d’augmenter le stock de la banque.
La Ferme FAPE fera le suivi sur les années de sorte que les exploitants qui ont obtenu les meilleurs rendements avec les semences locales soient récompensés une seconde fois en fonction du volume et de la qualité des semences apportées.

Ainsi, le potentiel d’adaptation des espèces sera préservé sur le long terme, en conservant et en sélectionnant ces plantes dans leur milieu propre. Cela pourrait permettre de répondre aux évolutions futures de l’environnement, grâce aux plantes qui développeront au fil du temps des résistances spécifiques que n’auraient pas pu acquérir les semences hybrides toutes génétiquement identiques.


Ressources :

Ce fait l’objet de débats et d’un travail de recherche bibliographique au sein d’un groupe de doctorant de l'Ecole Doctorale n°474, Interdisciplinaire Européenne Frontières du Vivant (FdV), fondée en 2006 par les universités Paris Descartes, Paris Diderot et l'Ecole Normale Supérieure et d’étudiants de l’AgroParisTech dans le cadre d’un module intitulé « Sciences for developing countries ».

Je dispose de l’appui du RADD (point focal de la FAPE à Yaoundé) qui possède le statut juridique d’association nécessaire au déroulement de cette action, conformément à la loi de 1990 au Cameroun.

Dans la mesure des moyens disponibles le stage couvrira la Région du Centre Cameroun avec pour base de collecte à Yaoundé pour atteindre un plus grand nombre possible d’acteurs ruraux. Une sous base de collecte sera installée à Essé au sein de la FAPE et permettra au projet de se déployer en milieu rural pour un travail de proximité avec les petits producteurs.

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